Xavier Grall

(1930-1981), né à Landivisiau dans une famille bretonne francophone aisée, est éduqué dans des collèges chrétiens du Léon et de Saint-Malo dont il a du mal à accepter la rigueur, puis il suit une formation de journaliste à Paris. Remarqué par le directeur de la "Vie catholique illustrée", il entame une carrière de chroniqueur de talent, véhément et lyrique, qui lui assurera une collaboration avec de nombreuses publications parisiennes ou bretonnes, dont "Bretagne-Magazine", "Le Monde", les "Nouvelles littéraires" ou "Ar Vro". Après son décès, ses billets seront édités sous forme de recueils :

Au nom du Père

qui réunit les

Chroniques du Logéco

, rédigées de 1965 à 1972 pour le magazine "la Vie" alors qu'avec  sa femme et ses enfants il vivait à Sarcelles, puis les

Billets d'Olivier

et

Les Vents m'ont dit

, écrits pour la plupart depuis le havre que sa famille trouve à Botzulan, sur les hauts de Pont-Aven, non loin de la chapelle de Trémalo et de son Christ jaune qui inspira Gauguin.

Il publiera également des essais sur James Dean, Mauriac, Bernanos, Lamennais, Rimbaud qui le fascina dès le collège, ainsi qu'un hommage à son ami le barde Glenmor.

 

Ses séjours au Maghreb le marquent profondément. Lors de son service militaire à Meknès puis lors de reportages à El Kbab dans le Moyen-Atlas sur les traces du

Père Peyriguère

,

ou au Sahara, il est ébloui par la splendeur des paysages, de la lumière, splendeur qui lui permet de faire "

l'expérience de

l'éclatante beauté de l'univers

" (

L'inconnu me dévore

). Il en gardera toute sa vie une nostalgie, un désir de concilier cette beauté et celle de sa Bretagne, qui transparaissent dans nombre de ses textes. Puis, appelé du contingent en Algérie, il découvre les laideurs de la guerre et perd foi en une France des droits de l'homme. Il revendique alors le droit des peuples à la liberté et au respect de leur culture, et se redécouvre breton. "

Tu te récupères, tu te regardes en face. Tu te décolonises : tu es Berbère, Kabyle, Breton

", écrit-il. Naîtront de ces expériences

La Génération du djebel

,

Africa blues

,

Cantique à Mélilla

.

 

Le polémiste, l'écrivain, le poète, va dès lors employer sa flamme, son lyrisme, sa tendresse, ses colères, à chanter son pays et à battre le réveil d'une identité et d'une culture bretonnes. Une culture qu'il veut vivante, créatrice, et non pas résignée à caresser le passé. Il nouera en 1966 une profonde amitié avec Glenmor, son frère spirituel, "le barde des Celtes qui ne veulent pas mourir" qu'il mettra en scène sous les traits de Glen dans son roman

La Fête de nuit

. Tous deux et Alain Guel créeront en 1970 le périodique "La Nation Bretonne". 

Il rentre "au pays" en 1973 puis s'installe à Nizon dans la ferme de Botzulan, près de Pont-Aven. C'est là qu'il écrira ses poèmes les plus bouleversants :

La Sône des pluies et des tombes

,

Rires et pleurs de l'Aven

,

Solo

, et qu'il commence

Genèse

que malheureusement il ne pourra achever.

Je ne peux que recommander de lire, en accompagnement de ses œuvres, Xavier Grall Une sacrée gueule de Breton, extraordinaire travail de butineuse qu'a réalisé, en douze années de recherches minutieuses et de rencontres, Mikaela Kerdraon.

Xavier Grall : l'homme et le poète

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